Un paquet d'amendes pour Noël

A Genève, les amendes c'est en paquet qu'on les reçoit...

Extrait du matin :

CIRCULATION Il doit payer 3000 fr. pour excès de vitesse

15 amendes d’un coup!

GENÈVE
Nader Perroud a été flashé quinze fois par le même radar. Il l’a appris en recevant les factures… cinq mois plus tard

Frédéric Julliard

Pour Noël, Nader Perroud, médecin genevois de 31 ans, a reçu un joli paquet du Service des contraventions. A l’intérieur: quinze amendes pour excès de vitesse, de 40 à 250 francs chacune. Total à payer: 3000 francs! Ces quinze excès de vitesse ont tous été mesurés par le même radar, à la rue de Saint-Jean, entre juillet et août 2006. Les amendes ont donc mis cinq mois pour parvenir à destination!

«Je n’ai jamais vu le flash du radar, s’étonne Nader Perroud. Pour me rendre à mon travail, je passais une ou deux fois par jour à cet endroit, limité à 50 km/h. Si j’avais reçu rapidement une première amende, je me serais rendu compte que j’allais trop vite, et j’aurais pu modifier mon comportement. La sanction aurait eu un effet préventif. Mais, là, on ne me dit rien pendant cinq mois, puis on me réclame 3000 francs d’un coup!»

Le radar de Saint-Jean, près de la gare Cornavin, est une merveille de la technique moderne: il permet de pincer à la fois les automobilistes passés au rouge… et ceux qui accélèrent pour profiter du feu vert. «Je ne conteste pas les excès de vitesse, souvent mineurs, précise Nader Perroud. Mais je pense aux gens qui gagnent 3000 ou 4000 fr. par mois. Pour eux, une facture pareille qui arrive d’un coup peut poser de très graves problèmes. »

Le délai de cinq mois s’explique par la technique «traditionnelle» utilisée à Genève. Les nouveaux radars vaudois ou français, par exemple, transmettent automatiquement l’image à un ordinateur central, capable d’identifier le numéro de plaque et d’envoyer la facture sans intervention humaine. A Genève, rien de tel: «Nous devons prélever les films ou les photos numériques dans les radars, explique Eric Grandjean, porte-parole de la police genevoise. Chaque image est ensuite analysée par un de nos collaborateurs. Puis les dossiers sont transmis au Service des contraventions. Compte tenu du personnel à disposition, un délai de quatre ou cinq mois n’a rien d’exceptionnel. »

Quant à l’effet préventif que pourrait avoir une sanction plus rapide, Eric Grandjean estime que ce n’est pas le problème: «Cet automobiliste devrait surveiller sa vitesse à tout moment, pas juste quand il reçoit une amende!»

C’est sûr, Nader Perroud fera désormais… 3000 fois plus attention.
© Le Matin, 6 janvier 2007 (p. 9)