Interdiction des courses en circuit [Pétition]

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Une pétition signée par plus de 71 000 personnes – dont Thomas Lüthi – a été déposée hier à la Chancellerie fédérale. Pour effacer ce que les passionnés prennent pour une erreur de l’histoire.

Jean-Claude Schertenleib - le 01 mars 2011, 10h46 - Le Matin

Les 24 Heures du Mans 1955, un accident terrible, plus de 80 victimes, et le couperet qui tombe sur les courses en circuit dans notre pays. «C’était l’époque où la mort se manifestait chaque week-end, il faut donc comprendre que la décision, alors, avait été logique. Mais c’est une aberration dans le monde d’aujourd’hui.» Jacques Cornu a payé, comme beaucoup d’autres, ce handicap de base au début de sa carrière. Avec son grand prédécesseur Luigi Taveri (triple champion du monde 125 cm3 dans les années 1960), avec son successeur Thomas Lüthi (sacré en 2005), avec le passager de side-cars Adolf Hänni (champion du monde l’an dernier, à l’âge de 55 ans), le Neuchâtelois était au Palais fédéral, hier matin, avec les initiateurs d’une pétition lancée il y a quatre mois, «Pour la levée de l’interdiction des courses en circuit en Suisse».

«La F1? N’y pensons pas»
Un combat voué à l’échec, livré uniquement au bénéfice de quelques privilégiés? Les initiateurs ne veulent pas entendre ce discours. «Pas question de construire un circuit pour un GP de formule 1, le but n’est pas là», explique ainsi Walter Wobmann, le conseiller national soleurois (UDC), qui est aussi président de la Fédération motocycliste suisse.

Le discours est clair: un circuit moderne est un circuit qui se veut intelligent, un outil idéal de formation et de perfectionnement. Alors pourquoi en vouloir à cet article de loi, certes obsolète, mais qui interdit les courses à caractère public, pas les installations? «Mais parce que c’est un obstacle important pour ceux qui seraient prêts à investir temps et argent dans un nouveau projet, la possibilité d’organiser une épreuve ou l’autre doit être garantie», reprend Cornu, ancien pilote devenu formateur: «La sauvegarde de l’environnement est un problème de société extrêmement important, tout le monde en est conscient. Aujourd’hui, des entreprises suisses qui sont à la pointe de la technologie – voitures hybrides et électriques – sont ralenties dans leurs recherches parce que l’outil de travail que constitue un circuit n’est pas là. Même chose dans mon domaine, axé sur la formation, sur l’amélioration de la sécurité: il n’y a pas un endroit plus sûr qu’un circuit permanent pour travailler. Mais ils sont à l’étranger. J’ai calculé que l’an dernier, le déplacement de mes clients pour des cours de perfectionnement s’est chiffré à près de 200 000 km; n’y a-t-il pas là un malaise sérieux? Sans parler des centaines de millions de francs qui, chaque année, pourraient être dépensés chez nous.»

Ces arguments ont déjà été évoqués de multiples fois dans le passé plus ou moins récent. Des projets sont nés, pour disparaître généralement après quelques années d’espoir. Ce qu’il y a de nouveau, avec cette pétition qui doit soutenir l’initiative parlementaire en cours, c’est que quelques cadors de la Coupole fédérale n’ont pas hésité à monter au front.

Interdiction, mode d’emploi
L’origine: Le terrible accident des 24 Heures du Mans 1955 – la Mercedes du pilote français Pierre Levegh se désintègre dans la foule, tuant plus de 80 personnes – a déclenché, à l’époque, une véritable levée de boucliers contre les sports motorisés. Interdits provisoirement dans certains pays, ils ont retrouvé leur place plus ou moins rapidement. Sauf en Suisse, où la loi sur la circulation routière a été modifiée deux ans plus tard.

L’article 52: Il précise, dans son point 1, qu’il «est interdit d’effectuer avec des véhicules automobiles des courses en circuit ayant un caractère public. Le Conseil fédéral peut autoriser certaines exceptions ou frapper d’interdiction des compétitions automobiles d’un autre genre; en prenant sa décision, il tiendra compte principalement des exigences de la sécurité et de l’éducation routières.»

Les exceptions: Le 28 février 1963, le Département fédéral
de justice et police autorise provisoirement l’IPP (Institut international de la psychodynamique, ancêtre du Centre de pilotage de Lignières, dans le canton de Neuchâtel) à organiser des courses de vitesse en circuit fermé. En revanche, des autorisations pour des compétitions qui auraient eu pour cadres des circuits temporaires ont été refusées à deux reprises (Frauenfeld, en 1978, et Sion, qui rêvait d’un GP de F1 en 1985).

J.-C. S.

Réintroduction, mode d’emploi
Ce qui s’est passé hier: Des représentants de la Fédération motocycliste suisse et d’Auto Sport Suisse, l’organisation faîtière du sport automobile dans notre pays, ont déposé à la Chancellerie fédérale une pétition munie de 71 400 signatures, récoltées en quatre mois et demi. Elle demande au Conseil fédéral et au Parlement de biffer définitivement le fameux article 52 de la loi sur la circulation routière.

Ce qui va se passer: Cette pétition se veut être un soutien à l’initiative parlementaire (en cours), qui demande le retrait du même article. Elle sera examinée en principe le 16 mars par le Conseil des Etats, puis lors de la session d’été par le Conseil national. En cas d’acceptation par les deux chambres, l’initiative redescendra au niveau de la commission (de la circulation et de la sécurité routière, en l’occurrence), à qui il reviendra ensuite de faire des propositions au Conseil fédéral.

Ce qui peut survenir dans le futur: Si l’article 52 est annulé, cela ne voudra pas dire pour autant que des circuits vont fleurir aux quatre coins de notre petit pays. En revanche, la suppression de cette barrière légale permettra à différents projets de se relancer. Restera alors à trouver les moyens financiers nécessaires.

J.-C. S.

L'éditorial de Jean-Claude Schertenleib

Servir la cause
Rassembler devant le Palais fédéral trois générations de Suisses champions du monde de courses motocyclistes, c’est beau.

Récolter en un peu plus de quatre mois plus de 70 000 signatures pour une cause qui est encore considérée, dans beaucoup de chaumières, comme une sorte de maladie honteuse, c’est bien.

Vouloir effacer un article de loi devenu obsolète en regard des progrès réalisés dans la construction des circuits modernes; en regard, aussi, de l’amélioration des mesures de sécurité actives et passives, c’est logique.

C’est beau? C’est bien? C’est logique? Mais alors, les sports mécaniques, en Suisse, vont-ils très rapidement revivre à l’intérieur des frontières, et plus seulement via les sacrifices consentis par leurs pratiquants depuis des décennies?

La vérité, malheureusement, n’est pas aussi simple que cela. Car pour convaincre sous la Coupole, les pères de cette double opération – la pétition déposée hier est là pour soutenir l’initiative parlementaire en cours – devront pour une fois oublier leurs partis et ne penser qu’à la cause.

«Que tous tirent à la même corde, plutôt que de tirer la couverture à eux.» La formule sort de la bouche de Jacques Cornu, l’homme qui avait permis au sport motocycliste d’entrer dans la vie d’une très large tranche de la population dans les années 1980.

Le succès de cette initiative est à ce prix. Car en cas d’échec, personne ne pourra enlever aux passionnés le doute qu’une fois encore on s’est servi d’eux à d’autres fins.

2011 n’est-elle pas année d’élections, à Berne?