"Freigestellt"

La vie réserve de ses surprises des fois... Depuis l'automne dernier, j'avais pas mal cumulé les emm...nuis. Un gros accident de moto fin octobre, fauché par un idiot sous THC. S'en suit 2 semaines d'hôpital, de la réduc à hautes doses, 6 mois de béquilles, etc...
Je passe sur un second accident, de voiture pour changer, avec mon véhicule de remplacement fin janvier. Le délire sécuritaire actuel fait que même si tu n'as touché personne ni occasionné aucun dégât à autrui, il suffit que la "justice" soit persuadée que tu as virtuellement mis la vie d'autres personnes en danger pour te considérer comme un criminel. Bref, outre une belle amende, je me tape 3 mois de retrait de permis.
Pour ne pas perdre la main, une blessure à la rétine me vaut une opération de l'oeil gauche en urgence en mars. Et je te raconte pas mon boulot, à 50% de janvier à fin avril, toujours plus chiant...
Pour enfoncer le clou, le vélomoteur qui devait me servir à aller bosser depuis mon dépôt de permis mi-mai me faisait pannes sur pannes (7 en 8 semaines!) , j'ai bien failli y foutre le feu(!)
Bref, déprimé, démotivé comme rarement, je ne voyais plus vraiment la vie en rose. Et c'est là que ça devient rigolo.

Alors que j'hésitais franchement entre diverses formes de suicides rituels, mon cher patron, me convoque. Mes performances ne sont plus suffisantes, ma démotivation est sensible -tu m'étonnes!-, je dois changer! Faute de quoi, n'est-ce pas, d'autres mesures seront prises, qui peuvent aller jusqu'à la démission du mauvais élément.
Je veux bien reconnaître que je n'étais plus au top, mais je faisais en sorte que le client n'en souffre pas. Et de toute façon dans cette boîte, ça fait un bail que plus personne n'est motivé: sans la moindre augmentation depuis 7 ans, avec des contrats toujours plus serrés, une pression constante et de plus-en-plus de pertes de temps pour de l'administratif, je ne connais pas un seul de mes collègues qui n'ait pas envie de partir...
J'en suis donc à goûter la douce ironie du gars qui dit te donner une dernière chance, en t'enfonçant bien la tête sous l'eau. Blub! Alors quoi? ben... Le moral au plus bas, je rentre à la maison. C'était le lundi 14 juillet, et je devais être en vacances du jeudi 17 à début août, ça s'annonçait bien...

Par dépit plus qu'autre chose, je démarre l'ordi et fait le tour des petites annonces. Premier employeur potentiel: rien. Un second: pas dans mon domaine. Je pense à un 3ème, et tombe sur l'ANNONCE. Pas celle qui correspond plus ou moins à mon profil, non, mais vraiment celle que tu ne trouves qu'une fois dans ta vie: description du poste, attente, expérience, tout joue, il ne manque que mon nom!!! Impossible de laisser passer ça, je m'en voudrais toute ma vie. Je torche un petit mail, lettre de postulation, curriculum, etc, à 22:00 mon courrier partait.
Mardi 15 à 17:00, une réponse: ils examinent ma candidature. Mercredi à 16:20, appel sur mon natel. Ils souhaitent me rencontrer au plus vite. Facile, je suis en vacances dès le lendemain. Vendredi matin 8:00, je fais connaissance de mes éventuels futurs employeurs. Discussion sympa, un petit test psychologique pour finir, "on vous contactera". Chose promise chose due, l'après-midi même, les tests sont évalués et on me fixe un second rendez-vous, mardi 22 à 10:00. Je ne sais pas pourquoi ni comment ça se fait, mais ils me veulent, et à 11:00 j'avais mon nouveau contrat de travail sur la table... 7 jours et 12 heures après avoir envoyé mon dossier de postulation, record à battre!

Sur le chemin du retour, je m'arrête à mon désormais ancien boulot. Mes collègues sont surpris de me voir, un peu mieux fringué que d'habitude, alors que je devrais être en vacances. "Pas de souci, je fais vite un truc et je me tire". Je tape vite fait ma lettre de démission, en imprime 3 exemplaires, une pour moi, une pour la poste, et la troisième dans une enveloppe sur le bureau du chef qui revient de pause. Inutile d'attendre, je préfère le dire tout-de-suite... Et je repars en vacances...

je re-pointe mon bec enfariné au taf hier (lundi 4 août), et on m'annonce d'emblée que mon account est bloqué. Séance à 9:00: légalement, il est trop risqué de laisser un collaborateur démissionnaire travailler sur le système d'un client, n'est-ce pas... Alors qu'est-ce qu'on fait? "Freigestellt". Autrement dit: on me "libère", je reste à disposition -atteignable sur mon portable aux heures de bureau ou en cas d'urgence-, payé pour mes 3 derniers mois, mais... pas au bureau! J'emballe mes petites affaires dans 2 cartons, serre la pogne des collègues que j'avais envie de saluer avant de partir et.. bye!
3 mois de vacances! A part 4 jours à Paris avec belle-maman la semaine prochaine, je n'avais rien de prévu! Qu'importe, mon petit bateau m'attend à Auvernier, et je récupère mon "bleu" dans 2 semaines... comme je suis en manque de moto, je vais pouvoir soigner ça que j'en salive d'avance! Chic!

Amitiés,
A+,
le Jef-quand-je-remonte-la-pente,-je-ne-fais-pas-semblant!